Les moyens de paiement sont nombreux et variés, et il est parfois difficile de savoir quels sont ceux que vous êtes légalement tenus d’accepter ou non. Cet article vise à vous éclairer sur les différentes obligations légales en matière d’acceptation des moyens de paiement tels que les cartes bancaires, les chèques et les espèces.
Les espèces : un moyen de paiement universel
Les espèces constituent le moyen de paiement le plus courant et le plus ancien. En France, leur acceptation est encadrée par l’article L112-6 du Code monétaire et financier, qui dispose que « la monnaie ayant cours légal doit être acceptée dans tout règlement. » Ainsi, en principe, tout commerçant est tenu d’accepter les espèces pour un achat effectué sur son lieu de vente.
Toutefois, cette obligation comporte certaines limites. En effet, le commerçant peut refuser un billet ou une pièce s’il a des raisons sérieuses de penser qu’il est faux. De plus, il n’est pas tenu d’accepter un grand nombre de pièces pour un montant élevé ; l’article R642-3 du Code pénal prévoit ainsi qu’il est interdit de payer avec plus de 50 pièces sans l’accord du créancier.
Il convient également de noter que les commerçants peuvent être dispensés de cette obligation d’accepter les espèces dans certaines situations, notamment en cas de risque sanitaire ou pour des raisons de sécurité. Ainsi, lors de la crise sanitaire liée au Covid-19, certains commerces ont temporairement refusé les paiements en espèces pour limiter la propagation du virus.
Les chèques : une acceptation soumise à conditions
Le chèque est un moyen de paiement courant mais dont l’acceptation n’est pas obligatoire. En effet, contrairement aux espèces, aucune disposition légale n’impose aux commerçants d’accepter les chèques pour régler une transaction.
Cependant, si un commerçant décide d’accepter les chèques, il doit respecter certaines règles. Il ne peut pas imposer un montant minimum pour l’utilisation du chèque, ni exiger des frais supplémentaires pour ce mode de paiement. Par ailleurs, il doit afficher clairement dans son commerce sa politique concernant l’acceptation des chèques (par exemple, s’il exige une pièce d’identité ou s’il refuse les chèques émis par des banques étrangères).
Il est également important de préciser que le commerçant peut refuser un chèque s’il a des motifs légitimes de suspecter une fraude ou si le client présente des antécédents de chèques impayés. Dans ce cas, il doit informer le client des raisons de son refus et lui proposer un autre moyen de paiement.
Les cartes bancaires : une acceptation facultative mais encadrée
La carte bancaire est aujourd’hui le moyen de paiement privilégié par les Français. Néanmoins, là encore, son acceptation n’est pas imposée par la loi. Les commerçants sont donc libres de choisir s’ils acceptent ou non les cartes bancaires comme moyen de règlement.
Cependant, si un commerçant décide d’accepter les cartes bancaires, il doit respecter certaines conditions. Tout d’abord, il ne peut pas imposer un montant minimum pour l’utilisation de la carte bancaire, conformément à l’article L133-1 du Code monétaire et financier. De plus, il ne peut pas facturer des frais supplémentaires pour l’utilisation de ce mode de paiement.
En outre, le commerçant doit afficher clairement dans son établissement les différentes cartes bancaires qu’il accepte (Visa, Mastercard, American Express…). Il est également tenu d’informer ses clients des éventuelles limitations associées à l’utilisation des cartes bancaires (par exemple, s’il n’accepte pas les paiements sans contact ou s’il impose des conditions particulières pour les cartes étrangères).
Il convient également de préciser que certains dispositifs légaux encouragent les commerçants à accepter les cartes bancaires. Par exemple, la loi Sapin 2 prévoit une exonération de la commission prélevée par les banques sur les transactions réalisées par carte bancaire pour les commerçants réalisant un chiffre d’affaires inférieur à un certain seuil.
En définitive : des obligations variables selon les moyens de paiement
Il ressort de cet article que les obligations des commerçants en matière d’acceptation des moyens de paiement varient selon le type de paiement concerné. Les espèces constituent le moyen de paiement dont l’acceptation est la plus largement imposée, tandis que les chèques et les cartes bancaires sont soumis à une acceptation facultative mais encadrée par certaines règles.
Il est donc essentiel pour les commerçants de bien connaître leurs obligations légales en la matière, afin de garantir une expérience satisfaisante pour leurs clients et d’éviter d’éventuelles sanctions en cas de non-respect des dispositions en vigueur.