L’article 1689 du Code civil concerne la situation fiscale spécifique des biens indivis, c’est-à-dire des biens appartenant conjointement à plusieurs personnes. Comment cet article s’applique-t-il dans la pratique ? Quelles sont les conséquences fiscales pour les indivisaires ? Cet article se propose de répondre à ces questions en analysant l’article 1689 et ses implications sur la fiscalité des biens indivis.
Comprendre l’article 1689 : définition et champ d’application
Pour mieux appréhender l’article 1689, il convient de commencer par définir ce qu’est un bien indivis. Un bien indivis est un bien qui appartient à plusieurs personnes, sans qu’il soit possible de déterminer la part respective de chacun. Cette situation peut résulter d’une succession, d’un achat en commun ou encore d’un mariage sous le régime de la communauté.
L’article 1689 du Code civil stipule que « chaque copartageant est tenu pour sa part et portion dans l’indivision des dettes et charges qui en dépendent ». Autrement dit, chaque indivisaire doit assumer sa part des dettes et charges liées au bien indivis, proportionnellement à ses droits dans l’indivision. En outre, il précise également que les copartageants sont « solidairement responsables » de ces dettes et charges. Cela signifie qu’en cas de défaillance d’un indivisaire, les autres peuvent être tenus de régler l’intégralité des sommes dues.
Les conséquences fiscales de l’article 1689 pour les indivisaires
L’application de l’article 1689 a des conséquences fiscales importantes pour les indivisaires :
1. Impôt sur le revenu: Les revenus générés par un bien indivis (loyers, dividendes, etc.) sont imposés entre les mains des indivisaires proportionnellement à leurs droits dans l’indivision. Chaque indivisaire doit ainsi déclarer sa part de revenus dans sa déclaration d’impôt sur le revenu.
2. Taxe foncière: La taxe foncière est due par les propriétaires d’un bien immobilier. Dans le cas d’un bien indivis, la taxe foncière est établie au nom de tous les indivisaires et doit être réglée par chacun proportionnellement à ses droits dans l’indivision. En cas de non-paiement par l’un des indivisaires, les autres peuvent être tenus de régler la totalité de la taxe foncière.
3. Droits de mutation: Lorsqu’un bien indivis fait l’objet d’une vente ou d’une donation, les droits de mutation sont dus par les indivisaires proportionnellement à leurs droits dans l’indivision. Il est important de noter que ces droits sont calculés sur la valeur du bien au jour du transfert, et non pas sur la valeur initiale du bien lors de son acquisition en indivision.
4. Frais de gestion: Les frais de gestion d’un bien indivis (entretien, réparations, etc.) sont à la charge de tous les indivisaires, proportionnellement à leurs droits dans l’indivision. Ces frais peuvent être déduits des revenus imposables liés au bien indivis.
Des solutions pour optimiser la fiscalité des biens indivis
Face aux conséquences fiscales de l’article 1689, plusieurs solutions peuvent être envisagées pour optimiser la gestion et la fiscalité des biens indivis :
1. La création d’une SCI: La Société Civile Immobilière (SCI) permet de transformer un bien indivis en parts sociales détenues par les indivisaires. Cette solution facilite la gestion du bien et offre une meilleure protection en cas de décès d’un des associés. De plus, la SCI peut permettre une optimisation fiscale en fonction du régime d’imposition choisi (impôt sur le revenu ou impôt sur les sociétés).
2. Le démembrement de propriété: Le démembrement de propriété consiste à séparer la nue-propriété (droit de disposer du bien) et l’usufruit (droit d’utiliser le bien et d’en percevoir les revenus). Cette solution peut permettre d’alléger la fiscalité liée aux revenus du bien, puisque seul l’usufruitier est imposé sur les revenus générés par le bien.
3. Le recours à une convention d’indivision: La convention d’indivision permet aux indivisaires de fixer les règles de gestion et de répartition des charges liées au bien indivis. Elle peut également prévoir des clauses d’attribution préférentielle ou de partage amiable, facilitant ainsi la sortie de l’indivision.
En conclusion, l’article 1689 du Code civil a des conséquences fiscales importantes pour les indivisaires, qui doivent supporter les dettes et charges liées au bien indivis proportionnellement à leurs droits. Toutefois, plusieurs solutions peuvent être envisagées pour optimiser la fiscalité et la gestion des biens indivis, comme la création d’une SCI, le démembrement de propriété ou encore le recours à une convention d’indivision.